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Eloge de l'Art par Alain Truong
14 mars 2009

Top des enchères : Paris Drouot, 20 février 2009

Le 20 février dernier, l’étude Chayette & Cheval dispersait à l’Hôtel Drouot quelques cent trente lots de faïences et de porcelaines, un éventail plutôt charmant des productions européennes.
Les plus grandes manufactures de France, d'Allemagne, de Suisse, de Belgique et d'Espagne étaient représentées dans un unique ensemble de cent théières en faïence, porcelaine tendre, porcelaine dure, verre opalin ou grès, pour la plupart du XVIIIe siècle. Parmi elles, les pièces d’origine allemandes suscitaient un vif engouement. Elles sont représentatives des débuts de la porcelaine à Meissen dans les années 1710-1730. La plus belle enchère revient à une très belle théière à fin décor polychrome et doré de scènes portuaires dans des médaillons, adjugée 38 000 €.

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Meissen : Belle et rare théière couverte de forme sphérique,  l'anse en console rocaille et le déversoir terminé en tête d'aigle sont rehaussés de dorure.  Décor polychrome sur les deux faces dans des médaillons représentant  des scènes chinoises animées de personnages de l'atelier d'Heroldt,  dans des réserves de rinceaux polychromes et dentelles en dorure,  avec semis de fleurs des Indes et petits insectes.  Marquée : KPM et 39 en dorure. Vers 1730. H. 13 cm. Adjugé 38 000 € (hors frais)

D’autres théières de la célèbre fabrique illustrent les décors dits Hausmaler, le terme d’Hausmaler désignant les peintres indépendants qui se procuraient des pièces blanches plus ou moins légalement à la manufacture et les décoraient chez eux. Elles sont peintes en camaïeu de gris de grande qualité (en allemand « schwarzlot », une technique également utilisée à Vienne) et représentent le travail de certains ateliers tel que celui des frères Seuter ou d’Ignaz Preissler. Les théières concernées obtenaient 7500, 11 000 et 15 000 €.

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Théière piriforme couverte à déversoir orné d'un mascaron masculin rehaussé de dorure à l'amortissement. Décor Hausmaler en schwarzlot d'arabesques et de larges réserves représentant une scène d'intendance militaire avec chevaux sur une face, et sur l'autre, une rencontre entre un officier de cavalerie et un détachement magyar (?). Fin décor de ferronneries sur le couvercle.  Porcelaine de Böttger. Décor attribué à Ignaz Preissler de Breslau. Vers 1725-30. H. 12 cm. Cf. Gustav E. Pazaurek : Deutsche Fayence - und Porzellan - Hausmaler,  tome I, fig. 199, p. 230 pour une pièce similaire. Adjugé 15 000 € (hors frais)

Représentant la France, un grand nombre de manufactures étaient au rendez-vous, avec Paris, Vincennes, Sèvres, Chantilly, Saint-Cloud, Mennecy, Strasbourg, Niderviller, Marseille, Montpellier, Pont-aux-Choux, etc. La grande majorité de cet ensemble trouvait preneur. Une grande théière en faïence de Meillonnas, peinte par le célèbre Protais Pidoux, qui s’était auparavant illustré à Mennecy et Aprey, obtenait 14 000 €. Un modèle de la Veuve Perrin, caractéristique de Marseille, était disputé jusqu’à 5 500 €.

Après les théières, la production française s’illustrait par un admirable ensemble d’assiettes de Sèvres représentant trois grands services réalisés à l’époque de Louis-Philippe dans les années 1830 à 1850, alors qu’Alexandre Brongniart était directeur de la Manufacture : le Service des Productions de la Nature, le Service des Pêches Maritimes, et le Service Forestier. Vendues avec faculté de réunion, les vingt-six pièces ont trouvé preneur à 260 000 €, et resteront donc réunies en une même collection. Chacune est un petit chef-d’œuvre à elle seule. Les coquillages du premier service sont peints avec un réalisme et une polychromie étonnants, à la manière de planches d’histoire naturelle. D’ailleurs, chaque pièce est signée et légendée au dos : « Cône damier // Porcelaine fausse-arlequine // Eburne à carreaux » ou encore « Harpe ventrue // Peigne // Corail rouge // Œufs d’oiseau ». Cette précision scientifique  dans les décors,  que l’on retrouve dans les trois services cités, est le fruit de la volonté de Brongniart qui s’est adjoint le concours de botanistes, d'ethnographes et de géographes.

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Sèvres : Assiettes du Service des Productions de la Nature

Aussi, côté pêche, ce sont « La Pêche de la Baleine », la « Pêche des Perroquets » ou alors la « Pêche de la Sardine », illustrées par le peintre de marine Ambroise-Louis Garneray. Certaines portent une inscription au dos expliquant la technique de pêche employée.

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Sèvres : Assiettes du Service des Pêches Maritimes

Le plus attendu était peut-être le Service Forestier illustré des arbres de France, d’Angleterre, du Pérou ou du Brésil ; des forêts animées de scènes de chasse (« La chasse au cerf aux îles Lucon »), de bataille (« La défaite de Charles II à Worcester en 1651 »), de jeu (« Jeux et divertissements des jeunes filles en Polynésie »),…

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Sèvres : « Assiettes du Service Forestier »

Arrêtez-vous sur l’avant dernière assiette du catalogue, la récolte du café au Brésil : à l’horizon, dans une légère brume, la baie de Rio et le Pain de Sucre, une sympathique invitation au voyage…

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Assiette plate ordinaire du Service Forestier,  l'aile ornée de feuilles de bananiers et palmes et noix de cocotier en dorure sur fond gros bleu.  Intitulé : FORET DE CAFIERS &A. AUX ENVIRONS DE RIO-JANEIRO.  Signé dans le décor : A. Poupart 1834 (Antoine Achille) Inscriptions au revers : Récolte du Café. // Frise du Bord : Bananier et Cocotier.  Marques : Sèvres LP 18 34 et cachet en bleu de la Monarchie de Juillet (1834)  Doreur : Jean-Louis Moyez - n° 18 (en dorure) - marque en vert : D. 7 ? 33. S.

Astrid Guillon, élève commissaire-priseur  et stagiaire chez Chayette & Cheval

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