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Eloge de l'Art par Alain Truong
27 mai 2009

"Le bain et le miroir, Soins du corps et cosmétiques à la Renaissance" @ Musée national de la Renaissance - Château d'Ecouen

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Dame à sa toilette, Anonyme (d’après François Clouet ?) France, vers 1560. Huile sur bois H.105 x 76 cm. Provenance : collection du Président Bénigne Legouz de Saint-Seine ; saisie révolutionnaire, 1792. Musée des Beaux-Arts, Dijon © Musée des Beaux-Arts, Dijon / Photo François Jay.

Cent trente objets et oeuvres d’art sont réunis par le  Musée National de la Renaissance pour restituer au cérémonial de la beauté à la Renaissance toute sa dimension esthétique et sociale.

Nécessaires de toilette, palettes à onguents et flacons à parfums, boîtes à fards, miroirs, peignes, éléments de parure des cheveux, sont replacés dans leur contexte et mis en regard de représentations peintes et sculptées. Cette confrontation entre la beauté parfois idéalisée propre aux artistes de la Renaissance et ces témoignages de la culture matérielle et quotidienne permet de mieux comprendre les usages d’une civilisation où l’apparence autant que le soin de soi joue un rôle non négligeable.

du bain collectif au délassement aristocratique

Si les étuves populaires héritées de la période médiévale n’ont pas encore disparu, le bain incarne au XVIe siècle une forme de sociabilité nouvelle réservée à une élite cultivée et savante, emblématique du mode de vie aristocratique en Europe. Peintures, dessins et gravures de Primatice, Jean Mignon, et Luca Penni laissent entrevoir le luxe des appartements des bainsà cette époque. Sobre et imposant, celui du château d’Ecouen, ouvert exceptionnellement le temps de l’exposition, est une éloquente démonstration de cet art de vivre au temps des Valois.

la cosmétologie : traités et « secrets de beauté »

Les soins de beauté complètent l’hygiène du corps. Grâce à l’imprimerie, savoirs et secrets font l’objet d’une diffusion sans précédent. La cosmétologie moderne n’est cependant constituée que de recettes empiriques d’onguents, d’eaux et de poudres.

Pour éviter les « enlevures » (boutons) ou « macules » (taches), pour combattre les ulcères et « oster les rides du visage », on se réfère à des formules testées par des proches. Conservé à la BnF l’étonnant recueil manuscrit de Claude Gouffier, Grand Ecuyer du roi, en faitl’inventaire. Ces recettes sont toutes datées et identifiées par les noms des personnes qui les fournirent telles Louise de Savoie ou Catherine de Médicis.

la toilette et ses accessoires

Le cérémonial de la toilette au cours duquel sont prodigués les soins de la peau et des cheveux, devient au cours du XVIe siècle l’un des privilèges du mode de vie raffiné adopté à la cour, au masculin comme au féminin.

Un genre pictural nouveau se développe : le portrait nu. A mi-corps devant sa table de toilette, dévêtue dans l’environnement familier de sa chambre, espace de réception et non d'intimité, la Dame à sa toilette (musée des Beaux-Arts de Dijon) se définit par une beauté radieuse inspirée des canons antiques, un corps à la fois sacralisé et sensuel.

Cette vocation sociale de la chambre justifie qu'on dispose sur la table de toilette des accessoires composés de matières précieuses : miroirs, peignes et brosses, cure-dents et cureoreille, éléments de parure, un rarissime coffret-nécessaire de toilette du musée historique de Bâle, têtes de martres de cristal de roche censées éloigner les puces, etc…

L’exposition se conclut par une évocation des fragrances utilisées à travers la présentation de toute une variété de luxueux conditionnements : délicat flacon en or serti d’opales prêté par le musée de Londres, étonnants bijoux en forme de pommes de senteurs qui s’ouvrent en plusieurs compartiments parfumés, perles de rosaires imprégnées de senteurs. Tous ces objets précieux et insolites, attestent du raffinement de la civilisation de la Renaissance jusque dans ses aspects les plus intimes.

Le bain et le miroir. Soins du corps et cosmétiques à la Renaissance. 20 mai – 21 septembre 2009. Musée national de la Renaissance. Château d'Ecouen 95440 Ecouen 01 34 38 38 50

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Coffret-nécessaire de toilette, Mathias Walbaum (actif 1590-1632), Augsbourg, vers 1595-1600. Ame de noyer à placage d’ébène ; argent partiellement doré ; ivoire et acier H.12, 5 x L. 37 x Pr.16,5 cm. Musée historique, Bâle © Bâle, musée Historique / photo : HMB M. Babey

ECOUEN.- A hundred and thirty objects and art works have been assembled by the Musée National de la Renaissance with the aim of restoring the full aesthetic and social dimension of the Renaissance toilet routine. Beauty sets, ointment slabs and perfume bottles, powder boxes, mirrors, combs, ornaments for hair and clothing are contextualised and exhibited next to paintings and sculptures. The confrontation between the sometimes idealised beauty proper to the artists of the Renaissance and items of everyday material culture help us understand the practices of a civilisation in which the role of appearances and grooming was far from negligible.

From public baths to aristocratic relaxation
Although the popular baths of the medieval era had not yet disappeared, bathing in the sixteenth century incarnated a new form of sociability reserved for the educated, cultured elite which was emblematic of aristocratic life in Europe. Paintings, drawings and engravings by Primaticcio, Jean Mignon and Luca Penni give a glimpse of the luxurious appointments of bathrooms at the time. The sober, impressive bathroom in the Château d’Ecouen, exceptionally open to the public during the exhibition, is an eloquent demonstration of gracious living under the Valois kings.

Cosmetology: treatises and “beauty tips”
Cosmetics complemented bodily hygiene. Thanks to the introduction of the printing press, cosmetic information and beauty tips circulated as never before. Modern cosmetology was only a collection of empirical recipes for ointments, lotions and powders. Advice on ways to avoid pimples (enlevures) or blemishes (macules), to cure ulcers and smooth away wrinkles was sought from friends. Their formulas are listed in an astonishing manuscript by Claude Gouffier, Master of the Horse, now in the French National Library. These recipes are all dated and identified by the names of the people who supplied them, such as Louise de Savoie or Catherine de Medicis.

Beauty routine and accessories
The ceremonial surrounding personal grooming and skin care became one of the privileges of refined court life in the sixteenth century, for men and women alike. A new pictorial genre developed: the “nude portrait”. Seated at her dressing table, naked in the familiar surroundings of her bedroom, a reception area rather than a private space, The Lady at Her Toilet (Musée des Beaux-arts in Dijon) is typified by her radiant beauty, inspired by antique canons, and her sacred, yet sensual body. The social function of the bedroom justifies the display of accessories made of precious materials on the dressing table: mirrors, brushes and combs, toothpicks and ear picks, ornaments for hair and clothing, an extremely rare casket and toilet kit from the Musée Historique de Bâle, rock crystal marten’s heads supposed to drive away fleas, and many more. The exhibition ends with an evocation of the fragrances used at the time, through a display of a range of luxury recipients: a delicate gold bottle set with opals on loan from the London museum, astonishing pieces of jewellery in the form of pomanders which fall open to reveal quarters containing perfume, rosary beads imbibed with fragrances. All these surprising, precious objects are evidence of the refinement of the most intimate aspects of Renaissance civilisation.

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Vénus à sa toilette, Anonyme. Huile sur bois transposée sur toile, France, vers 1550. H.97 x l. 126 cm. Département des Peintures, musée du Louvre, Paris © Rmn / Daniel Arnaudet

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Allégorie, Lavinia Fontana (1552-1614). Huile sur toile, Bologne - vers 1590, 63, 8 x l.48,7 cm. Galerie Maison d’Art, Monte Carlo © Monte Carlo, Galerie Maison d’Art

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Coupe : portrait de femme («Bella»), Faïence, 5,5 x D. 21,7 cm. Casteldurante, vers 1540-1550. Musée du Petit-Palais, Paris © Petit Palais / Roger Viollet

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Le Bain public, dit « Bain des Anabaptistes » , Virgil Solis (1514-1562) d’après Heinrich Aldegrever (1502-1556/1561). Gravure au burin, Nuremberg, vers 1540. H. 33,6 x l.28, 5 cm. Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie, Paris © BnF

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Pendentif faisant office de cure-dents-cure-oreille. Argent ciselé ; fer anciennement doré. France, XVI e siècle. Ecouen, musée national de la Renaissance © Rmn / René Gabriel Ojéda

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Vénitienne se teignant les cheveux, Cesare Vecellio. gravure sur bois, Venise, 1590. Ecouen, musée national de la Renaissance
© Rmn / Stéphane Maréchalle

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Flacon à eaux de senteurs garni d’opales et d’opalines, France (Paris ?), début du XVIIe. Or émaillé ; opales, opalines, diamants, rubis spinelles, saphir rose; 5,6 cm. London Museum, Londres © Museum of London

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Pomme de senteurs à six quartiers en position fermée, Pays-Bas, vers 1610-1620. Or émaillé ; émail translucide bleu, vert et rouge ; émail opaque blanc et bleu ciel; 4,2 cm. Rijksmuseum, Amsterdam © Rijksmuseum, Amsterdam

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Pomme de senteurs à six quartiers en position ouverte, Pays-Bas, vers 1610-1620. Or émaillé ; émail translucide bleu, vert et rouge ; émail opaque blanc et bleu ciel ; 4,2 cm. Rijksmuseum, Amsterdam © Rijksmuseum, Amsterdam

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Vénus accroupie s’essuyant, Jean de Bologne (1524-1608). Bronze, Florence - avant 1584, 25,5 cm. Musée national du Bargello, Florence © 1990, Photo Scala, Florence

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Vue du vestiaire et de l’entrée de l’étuve, Jean Bullant, vers 1553. Musée national de la Renaissance, château d’Ecouen © Laurent Ardhuin

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