Antonio Canova (1757 - 1822) Napoléon Empereur

Antonio Canova (1757 - 1822) Napoléon Empereur

Buste en marbre blanc. Signé sur le côté droit (accident à l'oreille droite) H : 50 - L : 28 - P : 22 cm. Estimation : 20 000 / 25 000 €

Provenance : Probablement collection de Louis Bonaparte, roi de Hollande.

Note : À la fin du XVIIIème siècle Antonio Canova avait acquis une grande renommée notamment grâce à quelques commandes de riches particuliers, mais surtout par ses travaux pour la République de Venise qui lui versait en contrepartie une pension viagère, supprimée en 1797.

Apprenant cette nouvelle, Bonaparte écrivit au sculpteur le 6 août 1797 : « J'apprends Monsieur, par un de vos amis, que vous être privé de la pension dont vous jouissiez à Venise. La République française fait un cas particulier des grands talents qui vous distinguent. Artiste célèbre, vous avez un droit particulier à la protection de l'Armée d'Italie. Je viens de donner l'ordre que vous pension vous soit exactement payée… », cette marque d'admiration et de gratitude sera le point de départ d'une relation tumultueuse entre les deux personnages. Les débuts furent effectivement difficiles puisque malgré plusieurs invitations du Premier Consul, Canova refusait de venir en France.

Il fallut alors l'intervention du pape Pie VII pour décider l'artiste. Arrivé à Paris, il s'attacha à réaliser le portrait de Bonaparte sans que ce dernier ne prenne véritablement la pause.

Finalement Canova retourna à Rome avec un moulage en plâtre à partir duquel il réalisa un buste en marbre ; deux bustes sont considérés aujourd'hui comme des répliques fidèles du moulage original, l'un est conservé à la Gipsoteca de Possagno, le second à l'Académie de Saint Luc à Rome.

Toutefois cet épisode permit au sculpteur de s'introduire dans le cercle familial de l'Empereur, ce qui lui permit notamment d'exécuter les portraits de Pauline Borghèse, de Letizia Ramolino Bonaparte et plusieurs portraits de l'Empereur, certainement commandés par ce dernier pour en faire cadeau à ses proches.

C'est probablement le cas du buste présenté qui d'après une tradition familiale, confirmée par une ancienne reproduction validée par Paul Gauvert (revue Transacta du début du XXème siècle), aurait fait partie des collections de Louis Bonaparte, roi de Hollande (1778-1846) et frère de l'Empereur. Par la suite il passa successivement dans la collection du comte Biadelli, puis dans celle de Louis Levie-Ramolino.

Mentionnons qu'un buste en marbre similaire, sur piédouche, fut offert par Napoléon au prince Borghèse (illustré dans L. Hautecoeur, L'art sous la Révolution, le Directoire et l'Empire, Paris, illustration 52); tandis qu'un second, probablement de l'atelier du sculpteur et provenant des collections du prince Murat, fut vendu à Paris, Mes Ader, Picard, Tajan, le 9 décembre 1981, lot 250.

Antonio Canova (1757-1822) était né dans une famille de tailleurs de pierres et apprit dès son plus jeune âge le travail du marbre. Recommandé par le sénateur Giovanni Falieri, il est placé en apprentissage chez le sculpteur Giuseppe Bernardi Torretti, alors qu'il vient seulement d'entrer dans sa douzième année.

Il intègre par la suite l'école de Santa Marina à Venise et remporte plusieurs prix à l'Académie des beaux-arts de cette cité, ce qui le place très jeune au premier rand des sculpteurs modernes. Reconnu pour ses talents de sculpteur et de peintre, son ouvre combine l'imitation de la nature avec les beautés idéalisées de l'Antiquité.

Il peut être considéré comme l'un des tous meilleurs sculpteurs néoclassiques de la fin du XVIIIème siècle et des premières décennies du siècle suivant. Parallèlement à la réalisation de groupes en marbre, souvent inspirés de la mythologie classique, le sculpteur exécuta de nombreux bustes sculptés, parmi lesquels ses représentations de Napoléon apparaissent comme les plus abouties.

Vente du Mardi 9 juin 2009. Bijoux, Extrème-Orient, Tableaux Anciens, Mobilier et Objets d'Art. Aguttes - Neuilly/Seine