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Eloge de l'Art par Alain Truong
7 juin 2009

Zao Wou-ki (né en 1921) Composition

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Zao Wou-ki (né en 1921) Composition, toile signée en bas à droite, contresignée et datée au verso «11.2.67», 73 x 60 cm.  Estimation : 100 000 €.

D’aucuns n’aiment pas la peinture abstraite et prétendent ne pas la comprendre. Mais face à une toile de Zao Wou-ki, nul besoin d’analyser, il suffit de ressentir. L’artiste explique lui-même sa manière d’aborder l’art, en ces termes : «Les gens croient que la peinture et l’écriture consistent à reproduire les formes et la ressemblance. Non, le pinceau sert à faire sortir les choses du chaos.» Zao Wou-ki est bien un artiste à part, à la frontière entre deux cultures. Né à Pékin en 1921, il débute très tôt sa formation aux beaux-arts d’Hangzhou, où il apprend tant la peinture traditionnelle chinoise que les techniques occidentales. Âgé d’à peine 20 ans, il expose à Shanghai des toiles à la manière d’un Picasso, et poursuit sa carrière en Chine comme professeur de dessin. Mais Zao Wou-ki a d’autres ambitions. En 1948, il s’embarque pour Marseille puis monte à Paris. Il suit alors des cours à l’académie de la Grande Chaumière et arpente les musées. Malgré la barrière de la langue, il se lie avec Soulages, Atlan, Wols ou Mathieu. Cette période est propice aux révolutions artistiques avec, en septembre 1947, la naissance officielle de l’abstraction lyrique, menée par Hans Hartung, Georges Mathieu et Gérard Schneider, lors du IIe Salon des réalités nouvelles de Paris. Autre rencontre qui sera essentielle pour notre artiste, celle d’Henri Michaux. Ce dernier jouera un rôle majeur dans la carrière du jeune peintre en lui présentant le marchand Pierre Loeb. Zao Wou-ki poursuit ses voyages, en Espagne, en Hollande, en Angleterre, notamment en compagnie de Soulages avec lequel il réalisera un véritable tour du monde, puis dans l’Amérique de l’action painting. Marqué par Cézanne, Klee et tous les courants abstraits, notre artiste adopte rapidement une écriture toute personnelle, puisant aux sources de sa propre culture. À la fin des années 1940, il commence à utiliser des signes calligraphiques ancestraux. Dans les croyances chinoises, le signe est la trace primordiale du Créateur, il incarne les souffles vitaux qui animent le monde. En peignant, Zao Wou-ki s’investit dans l’univers. Il crée un espace de vie, dans lequel il met en scène le dialogue entre le visible et l’invisible, l’harmonie entre le vide et le plein, le yin et le yang. L’artiste invite à un cheminement symbolique, à la découverte de l’univers et de soi-même. Ces signes peu à peu disparaîtront, faisant place à des toiles totalement abstraites comme le Vent de 1954, conservée au musée Georges Pompidou, ou la nôtre. Elle date de 1967, période de rare création pour le peintre qui correspond à la maladie de son épouse. La surface de la toile se transforme alors en espace animé de taches, de traits, d’éraflures et de reliefs, le tout emporté par un effet de tourbillon, les nuances des couleurs faisant référence aux variations atmosphériques. Lorsqu’on regarde une œuvre de Zao Wou-ki, on assiste à un évènement cosmique majeur, on devient le spectateur privilégié d’une nature sans cesse en mutation.

Cheverny, lundi 8 juin. Ventes aux Enchères Vendôme Cheverny Paris SVV.

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Commentaires
R
un regarde dure formes et couleurs assurée <br /> merci pour ca <br /> zaimen ryad peintre artiste algéria
C
Face à tout tableau, il faut ressentir avant d'analyser. Ce tableau-ci de Zao Wou-Ki est particulièrement superbe. Merci de le donner à voir.<br /> Evénement cosmique ou vertiges intérieurs?
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