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Eloge de l'Art par Alain Truong
4 janvier 2010

"Golasecca. Du commerce et des hommes à l’âge du Fer" @ Musée d’Archéologie nationale, château de Saint-Germain-en-Laye

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Trousse de toilette, Rebbio. Argent massif et ornements de fils d’or, 15 x 16 cm. Museo civico archeologico "Paolo Giovio", Côme, Italie. ©Archivio fotografico musei civici di Como.

SAINT-GERMAIN-EN-LAYE. - Au premier âge du Fer les acteurs des échanges avec les Celtes sont traditionnellement les Étrusques et les Grecs. Pourtant, les études menées depuis les années 1970 en Italie du Nord montrent le dynamisme des communautés périphériques qui se révèlent des intermédiaires non négligeables dans ce trafic entre l’Europe tempérée et la Méditerranée, notamment la « culture de Golasecca ». L’exposition s’attache à montrer les spécificités de cette culture au sein des communautés de l’arc alpin. Le bilan des recherches du XIXe siècle et les derniers travaux universitaires en cours ont permis cette réévaluation archéologique.

On doit à l’intérêt, au savoir et à la passion du jeune abbé Giovanni Battista Giani la fouille systématique, la conservation, ainsi que la documentation minutieuse de nombreuses tombes et de découvertes fortuites signalées par les paysans dans la commune de Golasecca depuis la fin du XVIIIe siècle. Plusieurs éléments soulignent la place spécifique de la culture de Golasecca, dans le processus de formation de la culture du Hallstatt occidental. Dès lors, la « culture de Golasecca », par sa richesse et ses particularités culturelles entre monde italique et monde celtique, a été au cœur des débats scientifiques européens.

A la création du musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines en 1862, un lot important, représentatif de la culture matérielle de Golasecca (céramique, mobilier métallique, parure), fait partie des premières acquisitions. Au cours des années 1870, Gabriel de Mortillet et Alexandre Bertrand, alors à la direction du nouveau musée des Antiquités nationales, sont parmi les premiers à s’y intéresser en relation avec les savants italiens contemporains : P. Castelfranco, B. Biondelli et G. Chierici.

L’étude de l’occupation du territoire montre l’émergence de centres urbains (Côme et Castelletto Ticino-Sesto Calende). Au VIe-Ve siècle avant J.-C., ces centres se caractérisent par la présence de plusieurs couches sociales (paysans, artisans, aristocratie commerciale) et par une distribution fonctionnelle de l’espace, articulée autour de quartiers résidentiels, artisanaux (céramique et métallurgie), commerciaux (ports fluviaux associés à des zones de stockage) et de sanctuaires. Ces éléments révèlent une structure sociale complexe et organisée où cohabitent paysans, artisans, marchands aux côtés d’une élite qui bénéficie de la productivité ainsi que du commerce à moyenne et longue distance.
De plus, les Golasecchiani se distinguent par l’acquisition précoce de l’écriture (première moitié du VIe siècle av. J.-C.), résultant de l’adaptation de l’alphabet nord-étrusque à une phonétique appartenant au groupe des langues celtiques.

Le savoir-parler celtique, l’acquisition précoce de l’écriture comme instrument de contrôle supérieur du marché, la forte activité artisanale sont les facteurs qui expliquent le succès de « la culture de Golasecca » dans la gestion partielle du commerce transalpin. Marchands, colporteurs, artisans arpentent ainsi l’Europe à la recherche de matières premières comme l’étain ou de matériaux plus précieux comme l’ambre. Ils assurent aussi le transbordement d’objets précieux voire de luxe qui, provenant de la Méditerranée, étaient destinés aux élites celtiques installées au nord des Alpes. Des mariages politiques viennent renforcer ces liens tissés par les Golasecchiani depuis au moins le Bronze final avec l’ensemble des partenaires les plus puissants de la protohistoire européenne : les Celtes, les Étrusques, les Grecs et les Picéniens.

Parmi les objets réunis pour l’exposition, se trouvent le mobilier funéraire en provenance de plusieurs tombes comme le couvercle de situle de Grandate du musée municipal Pio Giovo, Côme, la fibule à côtes et très longs pendentifs du musée des Antiquités, Turin, le mobilier de la sépulture de la « route de Dun », du musée du Berry, Bourges, le mobilier du dépot d’Arbedo, du musée archéologique de Bellinzona, Suisse etc…., les objets conservés au musée d’Archéologie nationale, dont celui de la tombe n°4 de Monsorino, ainsi que les relevés, dessins et aquarelles inédits d’Abel Maitre (XIXe siècle) etc…, un ensemble de Trezzo sur l’Adda, de la collection archéologique du Palazzo Sforzesco, Milan, un collier à perles d’ambre du musée d’Art et d’Histoire, Genève.

27 novembre 2009 – 26 avril 2010

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"Vue de la tombe 48 - Nécropole de Courtesoult", (Haute-Saône). Ossements avec plaque en tôle de bronze. ©Service régional de l'Archéologie de Franche-Comté, Besançon.

SAINT-GERMAIN-EN-LAYE.- The Celts' trading partners in the early Iron Age were traditionally the Etruscans and the Greeks. Yet studies carried out in northern Italy since the 1970s demonstrate the dynamism of the peripheral communities which have proved to be significant intermediaries in the trade between temperate Europe and the Mediterranean, especially the "Golasecca culture". This exhibition aims to show the specific features of this culture within the communities of the Alpine arch. The archaeological reassessment has been made possible by a review of nineteenth century work and the latest academic studies.

The interest, knowledge and passion of the young scholar Giovanni Battista Giani led to the systematic excavation, preservation and detailed recording of many tombs and chance discoveries reported by peasants in the district of Golasecca since the late eighteenth century. Several finds underlined the specific place of Golasecca culture in the development of western Hallstatt culture. Because of its wealth and its specific features between the Italic and Celtic cultures, "Golasecca culture" has been the subject of much scientific debate in Europe ever since.

When the museum of "Celtic and Gallo-Roman antiquities" was opened in 1862, a large collection of Golasecca material culture (pottery, metal items, finery) was one of the first purchases. In the 1870s, Gabriel de Mortillet and Alexandre Bertrand, then in charge of the new Musée des Antiquités Nationales, were among the first to take an interest in this culture, working in liaison with contemporary Italian scholars: P. Castelfranco, B. Biondelli and G. Chierici.

A study of settlement patterns shows the emergence of urban centres (Como and Castelletto Ticino-Sesto Calende). In the 6th-5th centuries BC, these centres were characterised by several social strata (peasants, craftsmen, commercial elite) and a functional distribution of space, divided into quarters for housing, production (pottery and metalworking), trade (river ports and warehouses) and sanctuaries. These facts point to a complex organised social structure in which peasants, craftsmen and merchants lived alongside an elite that benefited from the group's productivity and from middle and long-distance exchanges.

Moreover, the Golaseccans were distinguished by their early acquisition of writing (first half of the 6th century BC) due to the adaptation of the north Etruscan alphabet to a phonetic system belonging to the Celtic language group.

Celtic language skills, the precocious use of writing as an instrument for market control, and flourishing craft production all contributed to the Golaseccans' successful management of trade across the Alps. Merchants, peddlers and craftsmen ranged throughout Europe in search of raw materials such as tin or more precious materials such as amber. They transported precious or even luxury items manufactured in the Mediterranean for the Celtic elites north of the Alps. Political marriage alliances strengthened the links that the Golaseccans forged with all the most powerful trading partners in proto-historic Europe: the Celts, Etruscans, Greeks and Picenians, from at least the late Bronze Age.

The exhibition includes burial goods from several tombs, such as the situla lid from Grandate, on loan from the municipal museum of Pio Giovo, Como, the ribbed fibula with very long pendants from the museum of antiquities in Turin, burial goods from the grave on the "route de Dun", from the Musée du Berry, Bourges, furniture from the Arbedo deposit, from the archaeological museum of Bellizona, Switzerland; as well as items from the Musée d’Archéologie nationale, such as objects from tomb no. 4 in Monsorino, surveys, drawings and watercolours by Abel Maitre (19th century); a set of artefacts from Trezzo sull'Adda, from the archaeological collection of the Palazzo Sforzesco, Milan, and a necklace of amber beads from the Musée d’Art et d’Histoire, Geneva.

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Mission d’Italie 1873 - cimetière de Golasecca, Coupe de la tombe n°4 (avec son matériel), Echelle 1/5, Relevé Original. Dessin d’Abel Maître, musée d’Archéologie nationale, château de Saint-Germain-en-Laye © Rmn / Loïc Hamon

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