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Eloge de l'Art par Alain Truong
10 avril 2010

Ecole Flamande du XVIe siècle, atelier du Maître de l’Adoration d’Utrecht : « L’adoration des mages »

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Ecole Flamande du XVIe siècle, atelier du Maître de l’Adoration d’Utrecht : « L’adoration des mages »

Trois panneaux formant triptyque: Panneau central, surface peinte : 70 x 41 cm, (panneau doublé, renforcé et fentes). Panneau latéral : 70 x 16 cm chaque, décor de rinceaux au revers des panneaux latéraux. Dimensions totales, triptyque ouvert : 81 x 110 cm (Restaurations anciennes). Adjugé 52 000€

Reprise de la composition du Maître de l’Adoration d’Utrecht dont l’original est conservé au Musée Archiépiscopal à Utrecht et connu par plusieurs versions.

Notre retable est composé de trois panneaux de bois. Ouvert, le triptyque découvre une Adoration des mages. Fermé, nous admirons un décor de rinceaux animés dans un camaïeu de rouge et de vert.

La composition se développe sur les trois panneaux. Balthasar occupe la plus grande partie du panneau de gauche. Il tient dans sa main gauche un calice richement ciselé contenant de la myrrhe. Derrière lui, deux hommes en armures, le visage buriné, font flotter un fanion brodé de motifs orientaux.

La composition du panneau centrale s’organise autour de l’Enfant Jésus. Il est sur les genoux de la Vierge Marie vêtue d’un somptueux manteau de pourpre brodé d’or. Il tend la main droite vers Melchior qui lui offre son présent : de l’or. Gaspard derrière eux se prépare à lui offrir de l’encens. Au second plan une architecture antiquisante est animée par des bergers. Enfin, à l’arrière plan se déroule un vaste paysage vert bleuté ponctué d’architectures médiévales. On devine à gauche la présence d’un ange et donc peut-être une scène d’Annonciation.Le panneau de droite est construit comme celui de gauche. Saint-Joseph, âgé et recueilli, occupe quasiment tout l’espace.

Notre triptyque a été réalisé par un suiveur du Maître de l’Adoration d’Utrecht. Cet artiste anonyme doit son nom à un  triptyque conservé au Musée Archiépiscopale d’Utrecht et dont la composition a inspiré de nombreux peintres flamands du début du XVIe siècle. Le Maître de l’Adoration d’Utrecht a un lien évident avec le peintre Pieter Coecke van Aelst qui a séjourné en Italie et qui a rapporté en Flandres le Maniérisme italien. Nous reconnaissons cette influence italienne à l’architecture antiquisante du second plan, aux attitudes recherchées des personnages et au raffinement de leurs vêtements. On notera en particulier la richesse des étoffes et les effets de couleur changeante de la manche de Melchior. Le Maître de l’adoration d’Utrecht a été étudié par Georges Marlier dans son ouvrage « La Renaissance flamande, Pieter Coecke van Alost », Bruxelles, 1966.

Au-delà de l’influence italienne, notre artiste témoigne par ce triptyque du dynamise financier et économique des Flandres aux XVe et XVIe siècles. Les Flandres sont devenues un carrefour commercial international de métaux précieux, d’étoffes somptueuses, d’orfèvreries et d’objets de luxes dont les feux éclaboussent notre retable.

Le maniérisme flamand est caractérisé en outre par une attention particulière à la beauté de la ligne, laquelle est destinée à créer un vrai plaisir visuel. Le spectateur caresse ainsi du regard les ornements des costumes des mages, leurs bijoux, la variété et le réalisme de leurs traits, pour venir se reposer sur l’harmonieux drapé des manteaux de Marie et de Joseph. Il s’évade enfin dans le bleuté de la perspective atmosphérique. L’artiste est aussi attentif à représenter avec le plus grand réalisme possible et nombre détails les différentes matières qui viennent enrichir la composition ; le velours, la soie, les broderies, les tissus fins forment un écrin somptueux à la carnation délicate de la Mère et de l’Enfant.

On remarque que l’Adoration des Mages est un sujet très populaire en Flandres à cette époque. Certains historiens de l’art pensent que les trois Mages, voyageurs richement vêtus et portant des présents magnifiques depuis des contrées lointaines font écho au quotidien des riches marchands flamands. Ces derniers ont d’ailleurs souvent appelé leur enfant par le nom d’un des mages, faisant accéder nos rois de l’Evangile de Saint Matthieu au statut de Saint Patron.

Lundi 22 mars – Lasseron, Paris

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