Camillo de Vito (Actif à Naples entre 1790 et 1835) Série de trois gouaches.

Camillo de Vito (Actif à Naples entre 1790 et 1835) Série de trois gouaches. photo De Maigret Thierry.

Eruz. Del 1822 Nuevo vulcano uscito nel mare della Sicilia nel 1831 Interno del Vesuvio di Dicembre MDCCCXXXII . Signés en bas à gauche Camillo del Vito P. Titrés en bas au centre 29 x 41,5 cm pour la première 27,5x 41 cm pour les deux autres. Estimation : 7 000 - 10 000 €

En juillet 1831, un volcan émergea dans la mer de Sicile donnant naissance à une île engloutie par les flots cinq mois plus tard. Comme un personnage dans l'ère du temps de cette Europe romantique, sa brève existence souleva les passions, et sa disparition devait survivre fortement dans les imaginaires. Elle peut toujours nous surprendre en réapparaissant.

L'île fut découverte par le capitaine de brigantin, le sicilien G. Corrao, qui fut le premier à l'apercevoir à plusieurs reprises à partir du 10 juillet 1831, dans le canal de Sicile, à une vingtaine de miles au sud de la ville de Sciacca. L'éruption volcanique dura jusqu'à la mi-août et l'île nouvellement formée devait atteindre une circonférence d'environ cinq kilomètres pour une hauteur d'environ 65 mètres. Elle était composée de matières meubles : téphrites, cendres et scories. La mer et les secousses sismiques la désagrégèrent progressivement pour la faire disparaître en décembre 1831.

Trois royaumes la revendiquèrent :

- Les Anglais lui donnèrent d'abord le nom de Hotham, puis y débarquèrent le 2 août 1831. Le capitaine Senhouse y planta l'Union Jack et la fit appeler Graham du nom de l'Amiral de la flotte anglaise Lord Graham.

- Le Roi de Naples Ferdinand II l'annexa à son royaume par décret royal le 17 août 1831, sous le nom de Ferdinandea. Il est à noter qu'au moment de la découverte de Corrao en juillet, la ville de Sciacca aurait envoyé sur l'île, une délégation sanitaire sur un bateau de pêche commandé par Michele Fiorini. Ne pouvant y accoster, ce dernier y jeta une « rame » pour marquer la possession.

- Louis Philippe y dépêcha une mission scientifique conduite par le géologue Constant Prévost accompagné par le peintre Edmond Joinville à bord du brick « La Flèche », le 29 septembre 1831. Le drapeau tricolore y fut hissé avec un écriteau portant l'inscription : Ile Julia - Etat major du brick La Flèche - MM. Constant Prévost, professeur de géologie de Paris - Joinville peintre - 27/28/29 septembre 1831 Apparue en juillet, elle fut désignée sous le nom de Julia, « nom sonore dont la terminaison italienne et harmonieuse peut facilement être adoptée par les habitants les plus rapprochés ».

Son engloutissement par la mer régla le contentieux en instance. Une réapparition prochaine n'est pas improbable d'autant plus que la profondeur de la mer à cet endroit est descendue à près de six mètres.

En cas de d'émersion, la question de la souveraineté se reposerait et peut-être même avec de nouveaux prétendants : la Tunisie, Malte et la Lybie. Les nouvelles règles du Droit Maritime, retenant la notion de permanence pour la définition d'une île, permettront-elles alors le juste arbitrage ?

Camillo de Vito sut répondre à l'époque à la demande « d'immortaliser » l'événement, par une série de gouaches de dimensions diverses où l'île avec son volcan en éruption était représentée à différents moment du jour et de la nuit, avec souvent à l'horizon le passage d'un brick, d'une goélette ou d'un bateau à vapeur, battant opportunément (suivant peut-être la nationalité des acheteurs), pavillon anglais ou français.

Ces gouaches ont aujourd'hui valeur de document et sont recherchées pour leur rareté. Nous remercions Monsieur Fabrice Bonasso pour son aide dans l'attribution de ces gouaches et la rédaction de cette notice.

De Maigret Thierry. Hotel Drouot - salles 1 et  7. Tableaux Anciens, Objets d'art, Mobilier des XVIIème, XVIIIème et XIXème Siècle. EMail : contact@thierrydemaigret.com - Tél. : 01 44 83 95 20