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Eloge de l'Art par Alain Truong
5 septembre 2010

Georges de LA TOUR (Vic-sur-Seille, 1593 - Lunéville, 1652), Saint Joseph charpentier

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Georges de LA TOUR (Vic-sur-Seille, 1593 - Lunéville, 1652), Saint Joseph charpentier. Vers 1640. Huile sur toile. H. : 1,37 m. ; L. : 1,02 m. Donation Percy Moore Turner, 1948. R.F. 1948-27. Musée du Louvre © R.M.N./G. Blot

Saint Joseph, patron des charpentiers, travaille une poutre devant l'Enfant Jésus qui semble déjà y voir le bois de sa croix.

De Londres à Paris : l'histoire d'un don

Le tableau apparaît en 1938, peu de temps après la redécouverte spectaculaire de l’œuvre de Georges de La Tour. Il appartient alors à Percy Moore Turner, grand marchand anglais. Ce dernier le propose à la National Gallery de Londres qui n’arrive pas à réunir les fonds nécessaires. Le tableau demeure chez son propriétaire, qui l’offre au Louvre, en 1948, en souvenir de son ami Paul Jamot, ancien conservateur en chef du département des Peintures, disparu en 1939. Depuis, l’œuvre figure parmi les plus admirées du peintre.

Une flamme dans l'atelier du charpentier

Issu de la généalogie de David, Joseph, époux de Marie et « père nourricier » du Christ, est charpentier à Jérusalem. Le culte de Joseph connaît un grand renouveau à partir du XVIe siècle grâce aux Jésuites, aux Franciscains et à sainte Thérése d’Avila, réformatrice de l’ordre des Carmes. Ici, le charpentier est penché, occupé à percer une pièce de bois avec une tarière, alors que le Christ l’éclaire d’une bougie, dont la grande flamme irradie son visage. La disposition des morceaux de bois au sol évoque une croix et préfigure le sacrifice du Christ. Ces éléments se réfèrent à trois dévotions particulièrement importantes en Lorraine au XVIIe siècle sous l’impulsion des Franciscains : saint Joseph, l’Enfant Jésus et la Croix.

Un morceau de bravoure

La technique aussi bien que l’émotion qui se dégage de l’image font de ce tableau un véritable morceau de bravoure. Le peintre confronte le physique fruste et imposant du vieillard, au regard plein d’inquiétude, à celui de l’enfant dont la pureté est ainsi mise en valeur. Ce contraste est accentué par la forte réflexion de la lumière sur le visage du Christ qui semble à son tour éclairer la pièce. On retrouvera fréquemment ce procédé dans les œuvres de Georges de La Tour. Il marque ainsi la présence de la divinité, dans une scène issue de la vie quotidienne et traitée avec véracité. L’effet qui en résulte est à la fois d’une grande retenue, mais aussi d’une force visuelle marquante. Enfin, le peintre donne la mesure de son talent par des détails surprenants comme la main de l’enfant traversée par la lumière de la bougie ou la très belle nature morte du premier plan constituée d’un outil et d’un copeau de bois. Guillaume Kazerouni http://louvre.fr

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