Claude Monet (1840 – 1926) @ Galeries nationales, Grand Palais
Claude Monet, Autoportrait, huile sur toile, 70 x 55 cm, 1917. Musée d’Orsay, Paris © service presse Rmn /Jean-Gilles Berizzi
Pendant plus de soixante ans, Claude Monet a peint sans relâche, élaborant une oeuvre qui incarne l’expression la plus pure de l’impressionnisme, pour constituer au début du XXe siècle un des fondements de l’art moderne. C’est l’ensemble de ce parcours riche et fécond que l’exposition des Galeries nationales réinterroge. Cette exposition monographique est la plus importante manifestation dédiée à l'artiste depuis près de trente ans, lorsque s'était tenue aux Galeries nationales en 1980 une rétrospective en forme d'hommage. Depuis, les recherches sur l'artiste se sont multipliées et ont mis en lumière des aspects moins connus de son oeuvre. Orchestrée selon des grands axes thématiques et chronologiques, l'exposition retrace la carrière de Monet, des débuts des années 1860 jusqu'aux ultimes tableaux liés au cycle des Nymphéas du musée de l'Orangerie.
Claude Monet, Terrasse à Sainte-Adresse, huile sur toile, 98,1 x 129,9 cm, 1867. The Metropolitan Museum of Art, New York © Metropolitan Museum of Art, dist. Rmn / image of the MMA
Claude Monet, Glaçons sur la Seine à Bougival (dit Neige sur la rivière), huile sur toile, 65 x 81 x 3 cm, vers 1867. Musée du Louvre, Paris. © Service presse Rmn / Hervé Lewandowski Claude Monet, Grosse Mer à Etretat, huile sur toile, 66 x 131 cm, vers 1868-1869. Musée d’Orsay, Paris. © Service presse Rmn / Hervé Lewandowski Claude Monet, La Grenouillère, huile sur toile, 74,6 x 99,7 cm, 1869. The Metropolitan Museum of Art, New York. © Metropolitan Museum of Art, dist. Rmn / image of the MMA
Le jeune artiste choisit des sujets assez traditionnels, forêt et plage. Dans la Normandie de son enfance où Boudin puis Jongkind l’avaient initié à la peinture de plein air, il exécute des marines mais aussi des « effets de neige ». Puis à Paris et en banlieue, avec un accent particulier porté sur Argenteuil, dans les années 1870, ses paysages lumineux et colorés des bords de Seine reflètent le plein épanouissement de l’impressionnisme.
Claude Monet, Les Coquelicots à Argenteuil, huile sur toile, 74,6 x 99,7 cm, 1869. Musée d’Orsay, Paris. © Service presse Rmn / Hervé Lewandowski
Claude Monet, Le port du Havre, effet de nuit, 1873. Collection particulière © droits réservés Claude Monet, Les déchargeurs de charbon, huile sur toile, 54 x 65,5 cm, 1875. Musée d’Orsay, Paris. © Service presse Rmn / Hervé Lewandowski La gare Saint-Lazare à l'extérieur (le signal), huile sur toile, 65 x 81,5 cm, 1877. Niedersächsisches Landesmuseum, Hanovre Niedersächsisches Landesmuseum, Hanovre
Dans les années 1880, des sites du Nord ou de l’Ouest de la France et de nombreux séjours en Norrmandie mais aussi sur la côte méditerranéenne, Belle-Ile (1886) ou la Creuse (1889), lui offrent des motifs très divers. Ainsi, à la faveur de chacune de ses campagnes, Monet construit son regard sur la nature. Ses études de lumière et d’atmosphère prennent une place de plus en plus importante dans l’affirmation de sa personnalité artistique.
Claude Monet, La Débâcle, temps gris, huile sur toile, 68 x 90 cm, 1880. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne, Portugal © Museu Calouste Gulbenkian, Lisbon, Portugal
Claude Monet, Sur la falaise à Pourville, huile sur toile, 64 x 82 cm, 1882. Nationalmuseum, Stockholm, Suède © The Nationalmuseum, Stockolm
Claude Monet, La falaise à Dieppe, 1882. Kunsthaus Zürich, Suisse © Kunsthaus Zürich / All rights reserved © Kunsthaus Zürich / All rights reserved
Claude Monet, La Manneporte, huile sur toile, 65,4 x 81,3 cm, 1883. Lent by The Metropolitan Museum of Art, Bequest of William Church Osborn, 1951© Metropolitan Museum of Art, Dist.Service presse Rmn / Image of the MMA
Si Monet est incontestablement un peintre de paysage, il aborde à de multiples reprises les tableaux de figure et les natures mortes. Avec Le déjeuner sur l’herbe ou Femmes au jardin, Monet ajoute le défi du plein air. Ces tableaux ne quittent presque jamais le musée d’Orsay qui les conserve. Pour la première fois, ils seront réunis avec des scènes d’intérieur et de plein air de la même période prêtés par des collections étrangères, formant un ensemble unique.
Claude Monet, Fragment du Déjeuner sur l'herbe, huile sur toile, 248,7 x 218 cm, 1865. Musée d'Orsay, Paris © Service presse Rmn / Droits réservés
Claude Monet, Femme au jardin, huile sur toile, 82,3 x 101,5 cm, 1866. Musée de l’Ermitage, St Petersbourg © photographie : Musée de l’Ermitage / Vladimir Terebenin, Leonard Kheifets, Yuri Molodkovets
Claude Monet, Femme au jardin, huile sur toile, 255 x 205 cm, 1866. Musée d'Orsay, Paris © Service presse Rmn /Droits réservés
Claude Monet, Nature morte au melon, huile sur toile, 53 x 73 cm, 1872. Museu Calouste Gulbenkian Lisbonne, Portugal © Museu Calouste Gulbenkian, Lisbon, Portugal
Par la suite, figures et portraits sont traités sur un mode plus suggestif et décoratif. Les personnages se fondent dans un univers d’efflorescences et de vibrations colorées, une « enveloppe », qui leur confère une certaine irréalité. Cette même évolution marque les natures mortes. Célébrations puissantes d’un monde plein de vitalité, les tableaux de nature morte servent à partir de la fin des années 1890 une vision plus méditative où les objets perdent leur matérialité au profit de jeux de couleurs et de lumière.
Claude Monet, Méditation, Madame Monet au canapé, huile sur toile, 48,2 x 74,5 cm, 1870-1871. Musée d’Orsay, Paris © Service presse Rmn / Gérard Blot
Claude Monet, Les Lilas, temps gris, huile sur toile, 50 x 65,5 cm, 1872. Musée d’Orsay, Paris © Service presse Rmn / Hervé Lewandowski
Claude Monet, La Capeline rouge, huile sur toile, 99 x 79,8, vers 1873. The Cleveland Museum of Art, Etats-Unis © The Cleveland Museum of Art.
Claude Monet, Meule, effet de neige, le matin, huile sur toile, 65,4 x 92,4 cm, 1891. Museum of Fine Arts, Boston, Etats-Unis © Museum of Fine Arts
En 1890, alors âgé de 50 ans, Monet crée son jardin dans sa propriété de Giverny et s’inspire des paysages alentours, limitant désormais ses campagnes de peinture en France et à l’étranger. Il travaille de manière systématique à des tableaux d’après un même motif, conçus comme des ensembles manifestant l’évolution du motif selon les changements d’éclairage au fil des heures et des saisons.
Claude Monet, La maison du pêcheur à Varengeville, huile sur toile, 60,6 x 81,6, 1882. Museum of Fine Arts, Boston, Etats-Unis © Museum of Fine Arts
Claude Monet, En Norvégienne, huile sur toile, 97,5 x 130,5 cm, 1887. Musée d’Orsay, Paris © Service presse Rmn / Hervé Lewandowski
Claude Monet, Le Parlement, effet de soleil / Houses of Parliament, Sunlight Effect, huile sur toile, 81,3 x 92,1 cm, 1903. Brooklyn Museum of Art, Bequest of Grace Underwood Barton© Brooklyn Museum of Art, USA
Claude Monet, Le palais Contarini, huile sur toile, 73 x 92 cm, 1908. Nahmad collection, Suisse © Nahmad collection, Suisse
Si les notions de constance, de répétition accompagnent la carrière de Monet et apparaissent avec force, l’exposition permet d’étudier d’une façon nouvelle comment la réflexion de l’artiste a opéré selon d’autres orientations : faisant appel à la mémoire, au rêve, à la nostalgie, le peintre a recours à diverses reprises au processus du retour en arrière.
Le cycle des Grandes Décorations de Nymphéas consacre Monet décorateur. Il marque l’aboutissement de recherches entamées plus tôt dans la carrière de l’artiste. Il exécute aussi des décors pour des amateurs, tel le collectionneur Ernest Hoschedé ou son marchand Paul Durand-Ruel. A partir des années 1890, à l’heure où la qualité décorative de la peinture apparaît comme une promesse de renouveau, Monet invente une voie personnelle, conciliant un attachement profond à la nature et la suggestion d’un univers poétique autonome. Ainsi, avec Monet, « le rêve devient la réalité », selon la belle formule de l’écrivain et ami du peintre, Octave Mirbeau.
Claude Monet, Le déjeuner. Huile sur toile, 160 x 201 cm, 1873. Musée d'Orsay, Paris© Service presse Rmn / Hervé Lewandowski
Claude Monet, Les Dindons, huile sur toile, 174x172.5 cm, 1876. Musée d'Orsay, Paris© Service presse Rmn / Hervé Lewandowski
Claude Monet, Les Nymphéas, huile sur toile, 87 x 93 cm, 1904. Musée des beaux-arts A.Malraux, Le Havre © Musée des beaux-arts André Malraux
Claude Monet, Glycines, huile sur toile, 1905. Musée d'art et d'histoire, Dreux- Wildenstein © Musée d'art et d'histoire Marcel-Dessal, Ville de Dreux / Photographie : Jean-Louis Losi
A travers près de deux cents oeuvres, cette rétrospective veut susciter la surprise, la réflexion et la délectation du visiteur grâce à des oeuvres célèbres et des tableaux méconnus, mais aussi grâce à des rapprochements inhabituels et des regroupements d'oeuvres inédits. L'exposition veut également renouveler l'approche d'un grand artiste avec lequel s'accomplit le passage du XIXe au XXe siècle.