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Eloge de l'Art par Alain Truong
15 mai 2011

Cartel d'alcôve "Au Chinois" par Etienne Roquelon.. Paris, époque Louis XV, vers 1740.

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Cartel d'alcôve "Au  Chinois" par Etienne Roquelon.. Paris, époque Louis XV, vers 1740. Photo Kohn - Paris

Reçu Maître Horloger en 1718 Matériaux: Bronzes dorés, porcelaine à pâte tendre, émail et verre. Cadran et mouvement d'époque signé ROQUELON A PARIS. H. 55 cm, L. 28 cm, P. 13 cm - Estimation : 55 000 / 65 000 €

NOTE/ Ce ravissant cartel d'applique en bronze ciselé et doré adopte une forme totalement asymétrique au centre de laquelle prend place un cadran circulaire en émail blanc indiquant les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes. Il est signé ROQUELON A PARIS et s'inscrit dans un décor rocaille composé de larges feuillages, branches de palmier et végétaux. Au sommet, un personnage chinois vêtu d'un habit traditionnel, traité avec réalisme et raffinement, se tient assis sur un tertre en esquissant un mouvement du bras.

La grande rareté de ce cartel tient au fait que l'artiste a su mêler aux branchages en bronze doré de très fines fleurettes polychromes en porcelaine tendre de Chantilly, Manufacture alors très réputée pour ce genre de composition.

Le XVIIIe siècle était fasciné par l'Extrême-Orient et tous les grands personnages de l'époque étaient en admiration devant les curiosités provenant de ces contrées lointaines. Depuis le XVIe siècle et les grandes découvertes des navigateurs portugais, on importait déjà de la Chine et du Japon des laques, des étoffes et des céramiques. Sous Louis XV, cet engouement s'accélère au point de faire dire à Voltaire : "J'ai vu ce salon magnifi que, moitié turc et moitié chinois où le goût moderne et l'antique, sans se nuire, ont suivi leurs lois."

Cependant, les artistes n'ont pas véritablement imité ces sujets exotiques mais se les ont approprié pour en donner une interprétation libre, souvent fantasmée, emprunte de poésie ou d'extravagance, comme en témoigne notre cartel. Peut être inspiré des oeuvres de Pillement, Audran ou Watteau, le personnage qui occupe son sommet est quelque peu caricatural dans son accoutrement et sa gestuelle mais demeure des plus séduisants. L'imagination des artistes de ces années 1740-1750 se manifesta également dans cette subtile alliance au contraste surprenant entre le bronze doré et la porcelaine, entre la dureté et la froideur de l'un et l'onctuosité et la fragilité de l'autre. Ce mariage de ces deux matériaux antinomiques témoigne d'une très grande qualité d'exécution et d'un grand savoir-faire de son créateur. C'est au génie et au grand goût des marchands-merciers, notamment de Lazare-Duvaux, que l'on doit ce succès de cette rencontre entre le bronze et la porcelaine. Assez fréquent dans les pendules de cheminée, le mélange de ces matières est beaucoup plus rare dans les cartels d'applique conférant à celui que nous présentons toute sa singularité. Les manufactures qui produisaient ces fleurettes en porcelaine étaient Sèvres, Vincennes, Mennecy ou, comme pour notre cartel, Chantilly. Ces fleurs conféraient aux pendules et aux cartels un effet décoratif très apprécié à l'époque ainsi qu'une grande préciosité compte tenu de la difficulté technique pour la réalisation de ces motifs.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES/ Pierre Kjellberg, La Pendule Française, éd. de l'Amateur, Paris, 1997

Kohn - Paris. Vente du Vendredi 20 mai 2011. Drouot Richelieu - Salle 7 - 9, rue Drouot - 75009 Paris. Tel. +33 (0) 1 48 00 20 07

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