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Eloge de l'Art par Alain Truong
12 juin 2011

Mercredi 6 juillet 2011, vente d'un marbre exceptionnel de Rodin @ Cornette de St Cyr à Drouot Montaigne‏

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Auguste Rodin (1840 -1917), Faunesse à genoux. Marbre signé et dédicacé sut la base Au Maître Puvis de Chavannes Conçue en 1887, cette version en marbre exécutee vers 1890. Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890. Hauteur 55 cm. Estimation 600 000 / 800 000 €. Photo Christian Baraja

La Faunesse à genoux, pièce majeure en marbre du sculpteurAuguste Robin (1840-1917), sera mise aux enchères lors de la vente dart impressionniste et moderne organisée le mercredi 6 juillet prochain à Drouot Montaigne

Signée et dédicacée sur sa base « Au Maître Puvis de Chavannes ». cette statuette de 55 cm, conçue en 1887 a été exécutée en marbre vers 1890. Elle est emblématique de l’oeuvre la plus célèbre de Rodin, la Porte de l’Enfer. Elle illustre bien la place ambivalente de la femme dans roeuvre du sculpteur, à la fois muse et tentatrice Robin excelle ici dans le rendu sensuel des chairs et la délicatesse de la pose.

La Faunesse à genoux est un parfait exemple du processus créatif de l’artiste une connaissance approfondie de l’antique, renouvelée par des sources d’inspiration moderne, et une volonté de distinguer certaines figures comme des sujets à part entière. La Faunessea ainsi été sculptée sous plusieurs variantes, en marbre et en bronze, rencontrant un succès immédial dés la lin des années 1880.

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Auguste Rodin (1840 -1917), Faunesse à genoux. Marbre signé et dédicacé sut la base Au Maître Puvis de Chavannes Conçue en 1887, cette version en marbre exécutee vers 1890. Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890. Hauteur 55 cm. Estimation 600 000 / 800 000 €. Photo Christian Baraja

Une vente majeure d’art moderne le 6 juillet prochain à Drouot-Montaigne Rodin, Utrillo, Dominguez, van Dongen

Aux côtés de la belle Faunesse, la maison Cornette de Saint Cyr mettra en vente, le mercredi 6 juillet 2011, des oeuvres d’artistes majeurs de la période moderne une Eglise de village de Maurice Utrillo, huile sur toile datant de 1912-1913, caractéristique des paysages urbains de l’artiste montmartrois , Au spectacle, une aquarelle et fusain sur papier, batée vers 1900, du portraitiste mondain Kees van Dongen ou encore une huile sur toile de 1950 intitulée Tauromachie d’Oscar Dominguez. illustrant la période ‘ cosmique « du peintre surréaliste d’origine espagnole.

Jean et Raoul Dufy, Marie Laurencin, Paul Rebeyrolle et André Masson figurent egalement au catalogue de celte vente, qui sera dirigée par Constance Lemasson. nouvelle directrice du département Art moderne de la maison Cornette de Saint Cyr.

La faunesse à genoux, une pièce majeure de Rodin

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Auguste Rodin (1840 -1917), Faunesse à genoux. Marbre signé et dédicacé sut la base Au Maître Puvis de Chavannes Conçue en 1887, cette version en marbre exécutee vers 1890. Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890. Hauteur 55 cm. Estimation 600 000 / 800 000 €. Photo Christian Baraja

Figure emblématique dans l’oeuvre de Rodin, la Faunesse à genoux, traduit magistralement la place que tient la femme dans l’imaginaire du sculpteur, à la fois inspiratrice et pécheresse. Au-delà de l’apparence d’une femme s’étirant dans sa nudité et offrant un corps délicat, se cache une créature aux traits carnassiers guetiant les faiblesses de ses proies masculines.

Conçue pour la Porte de lEnfer où elle apparait dans la partie droite du tympan, cette pièce extraordinaire exprime tout le génie de Robin, l’un des plus grands sculpteurs et artistes de l’histoire moderne La Porte de l’Enfer est son oeuvre majeure, son obsession. « le journal de sa vie sculptée « comme il le disait lui-méme En 1880 Rodin reçut de la direction des Beaux-arts la commande d’une porte monumentale destinée au musée des Arts Décoratifs dont l’emplacement retenu à l’époque correspond à celui de l’actuel musée d’Orsay. A partir de cette date, il travailla jusqu’à la fin de sa vie sur cette commande,

Le thème choisi pour la Porte s’inspire de la Divine Comédie de Dante dont Rodin était un grand admirateur. Il s’attèle à cette tâche avec un enthousiasme et une énergie sans limite et se localisera sur la partie sombre de l’oeuvre, l’Enfer Après plusieurs projets, le plâtre de l’ensemble de la Porte est moulé et monté en 1884. En 1885, Rodin fait faire des devis pour la fonte, mais la Porte ne cesse d’évoluer sans programme défini. De façon spontanée, des figures s’y ajoutent. A tel point qu’en 1888, l’artiste n’en montre que des Fragments à l’Exposition Universelle En 1900, elle semble promise au nouveau Palais des Beaux-arts, aujourd’hui Grand Palais, mais le projet n’aboutit pas non plus. Dans l’esprit de Rodin, sa Porte n’est toujours pas achevée

Aujourd’hui, il existe sept épreuves en bronze de la Porte de l’Enfer, toutes sont posthumes, dispersées dans les collections de musées sur plusieurs continents : en Europe (musée Rodin de Paris, Kunsthaus de Zûrich), aux Etats-Unis (University Museum of Art de Stantord, The Robin Museum de Philadelphie) et en Asie (musée national d’Art occidental de Tokyo. Rodin Gallery de Séoul), Il faut ajouter à celles-ci deux épreuves en plâtre celle du musée d’Orsay (1917) et celle du musée Rodin à Meudon (1900), seul exemplaire réalisé du vivant de l’artiste.

La Porte de l’Enfer fut pour Robin une source inépuisable de recherches et d’expérimentations. Les 227 figures qui la composent ont été autant de possibilités de recherches d’attitudes, d’expression de sentiments. Les corps tordus, crispés, tendus accroupis. enlacés, des groupes ou des figures isolées s’enchevêtrent dans une méme masse agitée, pris au piège de leur propre destinée. La force expressive de cette Porte est unique et magistrale. Rodin rend à merveille toutes les passions humaines par le modelage des corps. le rictus des visages et la finesse des peaux dénudées. Certaines de ses figures ont eu leur propre destinée indépendamment de la Porte et ont connu un véritable succès. On pense bien évidemment au Penseur, qui trône au centre du tympan, mais il y a aussi Adam et Eve, le Baiser Ugolin, Les Trois Ombres et la fameuse Faunesse à Genoux.

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Auguste Rodin (1840 -1917), Faunesse à genoux. Marbre signé et dédicacé sut la base Au Maître Puvis de Chavannes Conçue en 1887, cette version en marbre exécutee vers 1890. Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890. Hauteur 55 cm. Estimation 600 000 / 800 000 €. Photo Christian Baraja

La faunesse, version féminine du faune, est un étre mythologique. Faunes et faunesses sont connus pour leur lubricité, leur amour du vin et de la musique. Le thème est fréquent tout au long de l’histoire des arts. Ils furent maintes fois représentés dans la sculpture hellénistique et romaine mais aussi dans la peinture classique, de Cranach au Tintoret. Les artistes du XXe siècle, tel Picasso, se sont aussi emparés de ce sujet.

Pour Georges Grappe, ancien conservateur du musée Rodin, la Faunesse à genoux appartient aux premières recherches menées pour la Porte de l’Enfer. Le 4 février 1888, elle est visible dans la reproduction du tympan donnée par l’Art Français. Elle fût photographiée par William Elborne en 1887. Le 12 mai 1888, le critique d’art Gustave Geffroy remercie Rodin pour l’exemplaire en bronze de "la faunesse, d’animalités si fine, au rire mortuaire (qui) est devenue l’hôtesse de mon logis, la muse de mon travail". Cependant elle n’apparaît officiellement qu’en 1889. date à lapuelle elle fut à la fois reproduite par Paul Wayland Bartlett (élève de Rodin) et montrée à l’exposition Monet-Rodin, à la galerie Georges Petit sous le litre Satyresse à genoux. Dans la préface du catalogue de cette exposition, Geoffroy la décrit qui "balance comme une fleur un torse maigre et souple, ébauche de ses mains liées derrière sa tète en un geste fébrile de séduction et de raillerie, rit de tout son effrayant visage animal, féminin et mortuaire".

Rodin donne rapidement son indépendance à cette hgure. Elle connut un réel succès sous plusieurs variantes La Faunesse à la tête droite (ici présentée) el au visage presque animalier, la première et plus ancienne probablement celle tète adoucie penchée sur l'épaule droite, l’appui rocheux montant entre les jambes, dite Le Réveil et une troisième version, cheveux plus longs, La Toilette de Vénus. La Faunesse fut fondue en bronze dès 1888 par Griffoul et Lorge, puis par François Rudier. Alexis Rudier fut chargé des fontes à partir de 1917.

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Auguste Rodin (1840 -1917), Faunesse à genoux. Marbre signé et dédicacé sut la base Au Maître Puvis de Chavannes Conçue en 1887, cette version en marbre exécutee vers 1890. Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890. Hauteur 55 cm. Estimation 600 000 / 800 000 €. Photo Christian Baraja

li existe au moins sept autres versions en marbre de la Faunesse à genoux à en juger par les reçus des praticiens, bien que cette oeuvre soit parfois confondue avec la Toilette de Vénus, une autre interprétation plus mièvre d’une femme agenouillée. Trois versions sont aujourd’hui localisées dans des collections publiques le Santa Barbara Museum of Art de Califomie, le musée des Beaux-arts de Lille et la National Gallery of Art de Washington. La plupart diffère sensiblement par l’attention portée à la taille ou par le traitement de la chevelure formant masse avec les épaules.

D’un point de vue technique, cette pièce est remarquable. Elle dégage â ta fols une grande force et une extrême sensualité. Ce corps magnifique aux muscles saillants, à la peau lisse et velouté offert à l’amour est contredit par le rictus provocateur du visage. Elle traduit bien toute l’ambiguïté du sentiment de Rodin à l’égard des femmes. Il y a de la provocation dans cette oeuvre.

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Auguste Rodin (1840 -1917), Faunesse à genoux. Marbre signé et dédicacé sut la base Au Maître Puvis de Chavannes Conçue en 1887, cette version en marbre exécutee vers 1890. Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890. Hauteur 55 cm. Estimation 600 000 / 800 000 €. Photo Christian Baraja

Dédicacée au peintre Pierre Puvis de Chavannes (1 824-1898), ami cher et respecté du sculpteur, des étéments de correspondance conservés au musée Rodin nous permettent de conclure que la Faunesse à genoux fit l’objet d’un don de Rodin à son aîné en août 1890. Au-delà de cet hommage conventionnel, cette dédicace au Maître Puvis de Chavannes témoigne d’une vraie sincérité car elle traduit un sentiment profond et véritable. Nous sommes loin des dédicaces commerciales que Rodin put parfois exécuter notamment après 1900.

Les circonstances du don sont encore peu établies. S’agit-il d’un acte de remerciement, d’une marque d’affection ou de reconnaissance, d’un échange d’oeuvres entre les deux artistes, pratique que Rodin appréciait particulièrement? Dans une correspondance entre les deux amis, datant du 11 août 1890, aujourd’hui dans les archives du musée Rodin, Puvis de Chavannes évoque probablement cette pièce et écrit . « Comment vous remercier mon cher Rodin pour ce trop beau souvenir plein de gràce souple et forte d’originalité comme tout ce qui sort de vos puissantes mains».

On perd sa trace par ta suite. Jusque dans les années 1920 où elle reparait dans la collection d’Edmond Lanhoffer, riche industriel, et fin collectionneur d’oeuvres d’arts. Le chef d’oeuvre a été précieusement conservé dans la famille depuis.

« Bien que quelques éléments manquent pour relier l’oeuvre entre Puvis de Chavannes et Edmond Lanhoffer, propriétaire de la pièce dans les années 1920, La Faunesse à genoux est l’un des plus beaux marbres passés sur le marché de l’art dans les 15 dernières années. Elle se distingue des marbres tardifs par la qualité de la pratique et l’attention que Rodin a porté à la réalisation de cette oeuvre offerte à l’un des artistes qu’il respectait le plus. » Jérôme Le Blay, membre fondateur du Comité Rodin. auteur du catalogue critique de l’oeuvre sculpté d’Augusle Rodin.

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Auguste Rodin (1840 -1917), Faunesse à genoux. Marbre signé et dédicacé sut la base Au Maître Puvis de Chavannes Conçue en 1887, cette version en marbre exécutee vers 1890. Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890. Hauteur 55 cm. Estimation 600 000 / 800 000 €. Photo Christian Baraja

Exposition des lots de la vente à Drouot-Montaigne :  Samedi 2 et dimanche 3 juillet, de 11h00 à 19h00 - Lundi 4 et mardi 5 juillet, de 10h00 à 20h00 - Mercredi 6 juillet, de 10h00 à 15h00 

Vente publique le mercredi 6 juillet 2011 à 20 heures à Drouot-Montaigne

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