Attribué à Francesco Di Giovanni Ferruci, dit « Del Tadda » (Fiesole, 1497 - Florence 1586)
Attribué à Francesco Di Giovanni Ferruci, dit « Del Tadda » (Fiesole, 1497 - Florence 1586), Portrait de Frère Gérôme Savonarole (1452-1498), de profil à gauche. photo Pierre Bergé & associés
Bas-relief en porphyre sur fond de marbre blanc Haut. Totale : 47 cm ; Larg. 36,5 cm Haut. du profil : 33 cm ; Larg. 27,5 cm
Provenance : Paris, collection particulière.
Bibliographie : Suzanne B. Butters, The Triumph of Vulcan. Sculptors'Tools, Porphyry, and the Prince in Ducal Florence, Firenze, 1996, 2 vol.
Suzanne B. Butters, « Una pietra eppure non una pietra ». Pietre dure e botteghe medicee nella Firenze del Cinquecento, Arti Fiorentine. La grande storia dell'Artigianato, III, Il Cinquecento, dir. Franco Franceschi et Gloria Fossi, Firenze, 2000, p. 135-185.
Philippe Malghouyres dans cat. expo. : Porphyre, La pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte, Paris, musée du Louvre, 17 novembre 2003 - 16 février 2004, pp. 91-93, p. 102.
Actif à Florence à la cour de Cosme Ier de Médicis, Francesco di Giovanni, dit « del Tadda » (1497-1586) est surtout connu pour s'être fait une spécialité d'ouvrages en porphyre. En dehors d'une statue colossale de la Justice conçue par Bartolomeo Ammannati pour couronner une colonne de granit dressée en 1566 sur la place Santa Trinita, son oeuvre rare consiste essentiellement dans la production de quelques figures en relief, parmi lesquelles une douzaine de portraits des Médicis en Médaillon, quatre têtes du Christ de profil et un de la Vierge, des Empereurs dont celui de Charles Quint ; enfin le portrait de Savonarole réalisé à la fin de la carrière du sculpteur et dont l'existence est attestée par une lettre du frère Timoteo Bottonio, écrite en 1578 (cf. S. B. Butters, t. 1, pp. 325-326 - t. 2, pp. 406-407).
Ce dernier rapporte que lors du siège de Rome, en 1527, Francesco Ferruci a été miraculeusement guéri de bubons pestilentiels par une apparition de Savonarole, mort en 1498. En action de grâce, l'artiste réalise le portrait du célèbre prédicateur dont les huit années de vie publique marquèrent profondément la ville de Florence à la fin du Quatroccento. Sans s'étendre sur la vie de ce personnage singulier considéré par les uns comme un saint et un martyr ou bien comme un révolutionnaire exalté, un fabulateur et un Antéchrist, rappelons juste que ce célèbre dominicain intervient dans les affaires de l'église autant que dans celles des Princes et celle de la vie quotidienne de ses pénitents. Ses réformes morales et religieuses entraînent son excommunication en 1497 puis son arrestation à la suite de mouvements populaires. Déféré à l'inquisition, il est condamné à mort, pendu, son corps brûlé et ses cendres dispersées dans l'Arno.
L'apparition de ce grand profil en porphyre dont le style présente d'étroite similitudes avec les autres portraits en relief de Ferruci del Tadda et la connaissance d'un portrait du dominicain qu'il réalise si l'on en juge par le témoignage des sources contemporaines permet d'attribuer cette sculpture inédite à ce dernier. Comme les profils médicéens dont les physionomies dérivent de modèles peints ou sculptés mais également de médailles et camées, cette figure du prédicateur florentin a été réalisée à partir d'une représentation préexistante. Timoteo Bottonio mentionne l'existence une médaille en plâtre - non identifiée - qui aurait servi de modèle au sculpteur pour réaliser le portrait de Savonarole, et Suzanne Butters mentionne prudemment un profil en plâtre d'Andrea Della Robbia comme modèle possible (Lille, musée des Beaux-arts), ce porphyre renvoie plutôt à d'autres sources comme le portrait de Savonarole par Fra Bartolomeo (1475-1517, Florence, museo di San Marco), représenté de profil à gauche en robe de dominicain, mais également une médaille en bronze représentant Savonarole en buste et profil à gauche, attribuée à Ambrogio della Robbia (Collection privée, cf. Butters, t. 2, fig. 126) avec une austérité et une simplicité de présentation très proche du relief de Ferruci, tout comme la cornaline réalisée par Giovanni delle Corniole avant 1502 (Florence, musée des Argents). Enfin, si l'ensemble des profils de Ferruci del Tadda se détachent généralement sur des fonds en serpentine, celui de Savonarole placé sur du marbre blanc, peut laisse imaginer qu'il s'agit d'une modification ultérieure tout comme celui de Charles Quint conservé à Paris, au musée des Arts décoratifs, expliquant la mauvaise inclinaison du profil placé sur son support.
Pierre Bergé & associés. Meuble et objets d'art Vendredi 04 juin à 14h00. Drouot Richelieu - Salle 5-6. EMail : contact@pba-auctions.com - Tél. : Paris +33 (0)1 49 49 90