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Eloge de l'Art par Alain Truong
10 juin 2009

Bureau plat de milieu, à toutes faces, et son cartonnier, en placage d’acajou chenillé, galerie de bronze, époque Louis XVI

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Bureau plat de milieu, à toutes faces, et son cartonnier, en placage d’acajou chenillé, galerie de bronze repercé à arcatures, époque Louis XVI. Bureau : 81 x 200 x 103 cm. Estimation : 70 000/90 000 €.

Il n’a pas d’estampille ? Qu’à cela ne tienne ! Il n’en est pas moins l’un des fleurons d’une vente classique de tableaux, objets d’art et mobilier. Il faut dire qu’il est particulièrement séduisant avec son beau placage d’acajou, ses bronzes finement ciselés dorés à décor de palmettes et de perles, des montants arrondis et des pieds fuselés. Sans compter ses nombreux tiroirs, tablettes formant écritoire, et ses casiers. Comble du raffinement, ceux du cartonnier, numérotés de 1 à 8, sont habillés de maroquin rouge à l’extérieur, gainés de soie verte à l’intérieur. Des inscriptions dorées aux petits fers indiquent la destination de chacun : «Trésor de Monsieur», «Académie royale de musique», «Affaires particulières», «Comédie française et italienne», «École royale de chant», «Lettres à répondre», «Argenterie et menus»... Tout un programme ! Des mentions qui donnent l’identité de son propriétaire, Denis-Pierre-Jean Papillon, dit de la Ferté (1727-1796), et que confirme l’inventaire de ses meubles, à l’hôtel des Menus-Plaisirs, à la fin de l’Ancien Régime. Fils de Pierre Papillon, trésorier de France et de Jeanne du Verdier, frère d’un fermier général, notre homme organise sa vie autour de trois thèmes : la finance, les arts et la famille royale. Il sera successivement sous-fermier des Domaines, commissaire des Menus Plaisirs du Roi (1756-1790), actionnaire de la Compagnie des Eaux des frères Périer, trésorier général des maisons et finances du comte de Provence, intendant de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, commissaire de l’administration de l’Académie royale de musique, receveur général des finances de Caen... Franc-maçon, membre de la Société philanthropique de Savalette de Langes et de la Société des amis de la constitution, il est également graveur, membre de la Société des antiquaires de Cassel et grand amateur de tableaux, de dessins et de meubles. Et comme si cela ne suffisait pas, il est l’auteur de livres sur la peinture, la géographie et l’astronomie... Il restera plus de trente ans aux Menus Plaisirs, cette organisation à l’importance majeure dans le rayonnement de la vie artistique parisienne durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Constitués de nombreux départements – musique, peinture, sculpture, architecture –, les Menus Plaisirs ont une influence considérable sur les arts décoratifs de l’époque. Papillon de la Ferté n’a que 29 ans quand il achète l’une des trois charges d’intendant de ces Menus, comme on les appelle communément. Mais il apporte un nouveau souffle en participant activement à la naissance du néoclassicisme, style né au début des années 1760, sous l’impulsion de collectionneurs comme le comte de Caylus et Ange-Laurent Lalive de Jully. Malgré une vie vouée aux sciences et aux arts, le sieur de la Ferté ne sera pas épargné par les troubles révolutionnaires, puisqu’il périt le 19 messidor an II sous la guillotine, place du Trône-Renversé. La roche tarpéienne est décidément bien près du Capitole !

Vendredi 12 juin, salle 1; Drouot-Richelieu. Ferri SVV. M. Dillée.

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