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Eloge de l'Art par Alain Truong
9 juillet 2010

L'Oréal : le bureau de la discorde

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Bureau d'Eugène Schueller, don de L'Oréal au Musée des années 30, à Boulogne-Billancourt © D.R.

Attribué à Jacques-Émile Ruhlmann, le bureau d’Eugène Schueller, fondateur de L’Oréal, vient d’intégrer les collections du Musée des années 30, à Boulogne-Billancourt, grâce au don de la société internationale de cosmétique. Mais Florence Camard, expert mondial de Ruhlmann, réfute l’authenticité de ce bureau.

PARIS - Donné par la société L’Oréal, le bureau Art déco présenté comme celui du fondateur de L’Oréal, Eugène Schueller, « d’après un modèle créé vers 1929 » par Jacques-Émile Ruhlmann, a fait son entrée le 26 mai au Musée des années 30 de la ville de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Ce don, expertisé par le cabinet Gurr Johns International à la demande de L’Oréal, aurait été estimé 750 000 euros. Or, l’expert mondial de Ruhlmann, Florence Camard, conteste cette attribution à Ruhlmann et l’a bien fait savoir lors de cette inauguration où elle a joué l’invitée surprise. « Au vu de ses proportions [2,75 x 1,30 m], ce meuble a plus l’allure d’une table de conseil que d’un bureau, précise-t-elle d’abord. Le document présenté à cette soirée, et qui fait partie des archives Ruhlmann conservées au musée, reproduit la table de conseil du gouverneur du Crédit Foncier de France exécutée en 1933. » D’ailleurs, le meuble donné au musée n’est pas estampillé. « Il existe des meubles de Ruhlmann qui ne sont pas estampillés. Celui-ci a pu être fabriqué après 1933 [année de la mort de Ruhlmann] », objecte Frédéric Chappey, directeur du Musée des années 30 et successeur depuis 2009 d’Emmanuel Bréon, qui avait initié ce don pour le musée. Mais selon Florence Camard, « les meubles non estampillés de Ruhlmann sont antérieurs à 1925, soit avant qu’il n’ouvre ses propres ateliers. Et ce meuble tardif ne présente pas non plus la mention "modèle de Ruhlmann édité par Porteneuve" ». Elle ajoute : « Vers 1975, alors que j’accompagnais Jules Deroubaix, ébéniste préféré de Ruhlmann chargé de l’entretien des mobiliers Schueller et Bettencourt, j’ai vu ce "grand bureau" au siège de L’Oréal. Je me souviens très bien que monsieur Deroubaix m’a dit qu’il n’était pas de Ruhlmann, raison pour laquelle il n’avait pas apposé la double estampille Ruhlmann/Deroubaix, comme il était habilité à le faire. »

Et d’un point de vue stylistique ? « Ce meuble est lourd et indigne de Ruhlmann, si sensible aux proportions et à l’équilibre dans tout ce qu’il concevait », répond l’expert. Alors que pour Frédéric Chappey, cette massivité « traduit l’ergonomie du pouvoir de Schueller ». Reste qu’une photographie de ce « bureau » in situ, figurant dans le livre sur Ruhlmann, publié aux éditions du Regard en 1983, a servi de document de référence dans le dossier de L’Oréal. « Je suis bien l’auteur du texte de ce livre, confirme Florence Camard. Mais l’éditeur, qui m’a fait signer le contrat après parution, avait constitué seul l’iconographie et la maquette, sans me consulter et sans juger bon de mettre mon nom sur la couverture. » Florence Camard a publié, en 2009, un nouvel ouvrage sur l’œuvre de Ruhlmann aux éditions Monelle Hayot, dans lequel le « bureau de L’Oréal » est passé à la trappe, à la différence du bureau personnel de monsieur Schueller, exécuté en 1929 sur le modèle présenté dans l’Hôtel du collectionneur à l’Exposition internationale de 1925 à Paris. Conservé aujourd’hui chez sa fille, madame Liliane Bettencourt, ce bureau assurément serait un très beau cadeau à faire à un musée. Armelle Malvoisin www.artclair.com

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Commentaires
M
L'actionnaire principale de L'Oréal est proche du pouvoir et le groupe de cosmétiques finance la fondation de la PDF ( également proche du pouvoir) par l'intermédiaire de sa marque Lancôme.<br /> <br /> Sortez clochettes & mouchoirs :<br /> "Pour moi, Lancôme symbolise la beauté à la française. C'est donc le partenaire idéal pour un programme destiné à révéler à des jeunes en difficultés que le beau est accessible et qu'il leur offre des perspectives d'avenir, d'emplois avec des métiers artistiques passionnants. Il s'agit ici d'égalité des chances, du même espoir pour tous, en un mot de solidarité." Mme Carla-Bruni Sarkozy<br /> <br /> Quant à Luc Chatel, le porte-parole vitupérant du gouvernement, il fut pendant douze ans cadre chez le numéro un mondial du secteur des cosmétiques : soins du cheveu, maquillage et parfums. Il fut aussi, chez les mousquetaires de la distribution, le chantre des "essentiels de la rentrée" face à de fausses-vraies-mères-d'élèves-vraies-clientes-de-famille, du temps de son ministère à l'éducation nationale.<br /> <br /> <br /> > "Une petite affaire française devenue le poids lourd de la beauté : L’Oréal ou la science de l’éternel féminin" par Mona Chollet. du Monde diplomatique<br /> <br /> "Fondée il y a un siècle, l’entreprise française connaît quelques turbulences. La crise lui vaut des résultats moins flamboyants que par le passé ; son actionnaire principal, Mme Liliane Bettencourt, aurait, selon sa fille, été victime d’abus de faiblesse au vu des dons consentis au photographe François-Marie Banier pour 993 millions d’euros ; et le suisse Nestlé semble n’avoir pas renoncé à prendre le contrôle du groupe. Plongée dans les arcanes d’un géant aussi puissant que discret."<br /> Un management « cruel envers les faibles », par Mona Chollet.<br /> Les « Nations unies de la beauté » ?, par Mona Chollet.<br /> Avec la presse, une idylle sans nuages, par Mona Chollet.<br /> <br /> " Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà."<br /> Le 8 juin, à Paris, L'Oréal recevait le trophée du capital humain 2010. Ce trophée patronal réservé aux entreprises du CAC 40 est la création du cabinet de recrutement Mickaël Page, en association avec huit autres partenaires. Il est parrainé par Christine Lagarde, ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, sous le patronage de Pierre Simon, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris. <br /> <br /> Geoff Skingsley, le vice-président DRH ému de L’Oréal honoré, déclarait :<br /> " C'est un honneur pour nous que L'Oréal soit reconnu pour ses actions en faveur du capital humain. Ce prix vient récompenser notre politique RH qui a toujours placé l'humain au centre de nos préoccupations, dans le respect de chacun et dans une dynamique à long terme. Grâce au soutien des équipes, à la forte implication de chacun sur le terrain, au dialogue avec les partenaires sociaux, aux synergies et à la solidarité dont ont fait preuve toutes les divisions du Groupe, l'intégration d'YSL Beauté a été réalisée sans aucun licenciement économique. "<br /> <br /> Une belle histoire en effet... Mais de l'autre côté des Pyrénées ce n'est ni le même air ni la même chanson : L'Oréal , a en effet récemment fermé une usine et se voit intenter un procès par l’un de ses sous-traitants, FAVIDEMA (84 salariés). Pour cette entreprise qui a procédé à des investissements uniquement destinés à son unique client, l’Oréal représentait environ 40 % de son chiffre d’affaires et la faillite due à sa "conduite déloyale" ne fait plus aucun doute pour le "capital humain" : 72 employés de l’entreprise sont touchés par le chômage technique. Pourtant le personnel de FAVIDEMA a "fait preuve d’efforts et d’abnégation : travail le week-end, la nuit, les jours fériés, report des congés annuels sans hésité à privilégier la flexibilité de ses horaires de travail afin d’aider L'Oréal..."<br /> <br /> " La plupart des ouvriers ne s’intéressaient ni à leur besogne, ni à la vie de l’entreprise. Au contraire, celle-ci leur était comme étrangère et souvent même leur paraissait hostile. C’est à ce moment-là que le problème de redonner un sens à la vie des hommes qui travaillaient dans mes entreprises a commencé à m’obséder ".<br /> Eugène Schueller, <br /> fondateur du groupe l'Oréal
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