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Eloge de l'Art par Alain Truong
12 mars 2009

Eugenio Lucas y Padilla (1817-1870), Paysages d’Espagne, 1853

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Eugenio Lucas y Padilla (1817-1870), Paysages d’Espagne, 1853, deux huiles sur panneau, 76 x 84 cm. Estimation : 30 000/40 000 € la paire.

Des figures se promènent sur une route ensoleillée. Cependant, le paysage montagneux et tourmenté appartient plus au monde romantique. Ces deux panneaux révèlent cette tension entre deux vogues picturales, qui sévit aussi dans l’art espagnol du XIXe siècle. Peu enclins aux tumultes des sentiments et aux paysages désolés ou torturés des écoles du nord de l’Europe, les artistes se situent à la lisière des mouvances néoclassique et romantique. Eugenio Lucas y Padilla, fervent admirateur de Vélasquez et de Goya, est de ceux-là. En fait, certaines de ses oeuvres ont été attribuées au maître du XIXe. Outre une attirance pour les mêmes sujets - sombres bien sûr, scènes de l’Inquisition, de guerres ou de banditisme, sabbats et supplices - et pour la tauromachie, Lucas y Padilla adopte sa vivacité et liberté de touche, en particulier dans les paysages, où il développe encore ses expérimentations. En 1841, il expose deux Caprices à l’Académie de San Fernando, à Madrid. Il exécute ensuite des commandes publiques ou privées, comme le plafond du théâtre royal de Madrid, avec le peintre français Filastre, et la décoration du palais du marquis de Salamanca. Grâce à ses voyages - à Paris en 1844, onze ans plus tard pour l’Exposition universelle, et en Italie au cours de la décennie suivante -, il rencontre la fine fleur du milieu artistique, notamment par l’intermédiaire de Théophile Gautier. Lucas y Padilla fut rapidement reconnu dans son pays. Ainsi, dès 1851, il est nommé "peintre de la chambre du roi" et chevalier de l’ordre de Charles III. Son oeuvre non conventionnelle et éminemment poétique, surtout dans ses paysages, le place dans le sillage des courants artistiques de son temps. La part plus sombre, cependant non dénuée d’imagination, demeure dans la lignée de Goya. Nos deux panneaux peuvent être rapprochés du Paysage au château de l’ancienne collection du Barcelonais Amich, daté 1851, et d’un Paysage aux pêcheurs, anciennement dans une collection madrilène. Le format circulaire laisse penser que notre paire de tableaux a peut-être été conçue pour une décoration. Ces paysages figurent dans une vacation de mobilier et d’objets d’art aux estampilles prestigieuses. Par exemple, on remarque une suite de quatre fauteuils "à la reine" portant celle de Jean-Baptiste Sené, pour laquelle il faut prévoir 10 000 €. Le XIXe siècle est représenté par un secrétaire à cylindres toutes faces, en placage d’acajou et marqueterie de bois exotiques dans des encadrements de bois de rose richement ornés de bronzes dorés, de style Louis XVI, et estimé 150 000 €. Le siècle dernier s’illustre par un miroir sorcière en talosel de Line Vautrin, réalisé en 1958 et attendu à 40 000 €. Son titre ? Le Soleil a rendez-vous avec la Lune ou La Folie.

Vendredi 13 mars, salle 5-6 - Drouot-Richelieu. Giafferi SVV. Mme Daniel, MM. Millet, Fravelles, Schoeller, Louot, Ansas, Vandermeersch, Pomez, Burgi, Rémy, Kassapian, cabinet Vendôme Expertise.

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Commentaires
K
un peu d'histoire ne fait pas de mal!!
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