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Eloge de l'Art par Alain Truong
20 mars 2009

Lucio Fontana (1899-1968), Concetto spaziale, 1965

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Lucio Fontana (1899-1968), Concetto spaziale, 1965, perforations et gaufrage sur papier blanc, 56 x 44 cm. Estimation : 55 000/75 000 €.

Avec Alberto Burri et Piero Manzoni, Lucio Fontana appartient à la génération des artistes italiens de la période postfasciste, celle de la liberté retrouvée. Cette époque, propre à une remise en question, le pousse à s’interroger tout au long des années 1950 sur la réalité matérielle du monde et sur la raison d’être de l’art. Né en Argentine d’un père italien, Fontana se forme de 1927 à 1930 à l’académie de la Brera, à Milan. Après avoir hésité entre figuration et futurisme, il adhère au mouvement abstraction-création. Réfugié en Argentine pendant la Seconde Guerre mondiale, il fonde l’académie Altamira, où il élabore avec ses élèves Le Manifeste blanc. De retour à Milan, en 1947, l’artiste précise cette idéologie dans son Manifeste du spatialisme. Ses "Concetto spaziale" réalisés à partir de 1952 sont les oeuvres emblématiques de cette théorie. Des premières toiles "matiéristes" aux bronzes lacérés, ils adoptent bien des apparences. En admettant l’existence d’un espace en dehors de la représentation réaliste, quel que soit le médium, Fontana remet en cause l’intérêt de l’art traditionnel, son utilité. Mais le travail de l’artiste ne se limite pas à la négation de l’art, à un acte fortement agressif. La dimension esthétique n’est jamais totalement absente, et sa provocation tient plutôt en l’abandon de la sacro-sainte perspective linéaire et de la couleur. À l’aide de ces "trous" et "lacérations", Fontana réinvente littéralement un langage formel qui lui permet de délivrer sa réflexion sur l’espace-temps. De cette façon, non seulement l’artiste établit le lien entre notre espace et celui de la sculpture, mais il révèle aussi la dimension immatérielle de l’objet. La surface plane de l’oeuvre vole ainsi en éclats pour donner naissance à une troisième dimension, aussi bien spatiale que spirituelle. C’est un monde invisible qui se dissimule sous la surface. Cet espace imaginaire, à la différence de celui des surréalistes, passe par une expérience concrète, un geste qui fait basculer le spectateur dans l’inconnu. Un acte finalement créateur, et non destructeur. Fontana libère l’énergie inhérente à la matière et à la toile : la lumière traverse les trous et les lacérations, s’arrête sur les pierres pour révéler un monde nouveau. C’est bien souvent au centre d’une forme ovale que se déchaîne cette force. Elle est présente aussi bien dans ses sculptures en bronze patiné - telles des météorites - que dans des travaux sur papier, comme notre feuille de 1965. Elle renvoie immanquablement à l’image du cosmos, à une forme originelle...

Marseille, samedi 21 mars. Damien Leclere Maison de ventes aux enchères SVV. Mme Lechanjour.

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